作品概述
任瀚出生的年份恰巧是乔治奥威尔反乌托邦小说的标题《1984》,他的成长经历伴随着中国城市化井喷式发展和互联网在全球的迅速普及。他将神话、自然和数字图像整合到作品当中,利用素描、装置和场域特定作品展开一系列基于泛互联网时代视觉文化消费的研究和反思。他曾说:“我质疑人类在欲望驱使下不断建构和破坏的意义”,而他的工作正是对这个世界的一种西西弗斯神话式回应。
雪山
任瀚创作了大量有关雪山的作品,在他看来,雪山是一种神圣的幻觉,是原始、永恒的自然理念,然而现实比我们想象的更为复杂。这些“雪山”基于从互联网上搜集的照片,保留了它们的原始比例。这些壮丽的风景通常被用作平庸的壁纸,它们的拍摄地点变成了加密文件名。然后,艺术家再次转化这些超编码的资源,向我们展示了自然景观经过怠倦社会的滤镜后发生的转变。这些雪山经过了系统化的图像去色处理。任瀚在黑色的背景上描绘它们,呈现出犹如黑色石碑上的图像,黑暗要求我们集中注意力进入冥想的领域。在神圣与消费之间,任瀚以一种讽刺的语言揭示了信息泛滥为我们带来的误导。这些挪用图像的过程源于一种新的社交行为,那就是对意义的需要已经让位于对娱乐的无止境的追求。
灾难风景
“灾难风景”不再描绘壮美的雪山景象,而是描绘了气候灾害,如火山爆发、泥石流、风暴等等。艺术家似乎认为数字图像的过度生产扰乱了我们与悲剧的关系。危机不断被揭示和接踵而至,随后消失在每日新闻的波涛中。任瀚在紫色复写纸上绘制这些画,以便它们可以重新显现。他试图避免所有美化或抑制的企图。颜色将我们暴露在这些图像固有的力量中:这是迫使我们成为见证者的力量。一朵乌云既是一种威胁,又是一种迷人的存在,任瀚的作品唤起了人类毁灭的景象:气候变化、人类消失。但也同时暗示了某种难以捉摸的超越的存在。
破坏的素描
提到任瀚的创作,最令人印象深刻的是他的一系列浅浮雕式的作品,他以使用斧头、锤子和电钻等工具在墙体、木头或书籍表面进行雕刻。他以一种破坏的方式“绘制”了虚拟的自然、虚构的神话或科技图像。根据艺术家的说法,这些“破坏的”素描是一种暧昧的表达,因为它们具有介于现实与虚拟、建构与破坏,死亡与重生之间的二元性。符合哲学家梅洛-庞蒂的思想,这些作品激发我们反思当代世界与图像的关系。数字技术对我们的感知进行了彻底的更新,是我们文明的标志性转折点。我们不再被鼓励按照自己的思想制造图像,而是根据图像去思考。对于那些试图通过屏幕来了解世界、寻求在不暴露自己的情况下来旁观人来说,没有任何事会成为大事件。
Art Statement
Born in the year corresponding to the title of George Orwell’s dystopian novel, “1984,” Ren Han’s formative years unfolded amidst explosive urbanization in China and the rapid global proliferation of the Internet. He incorporates images of mythology, nature, and digital elements into his works, conducting a series of research and reflections on the consumption of visual culture in the Internet age using techniques such as drawing, installations, and in-situ works. He stated, “I challenge the meaning of continuous human construction and destruction driven by desire,” and his work is a Sisyphean response to the world.
Snow Mountains
Ren Han creates numerous works depicting snowy mountains. For him, snowy mountains represent a sacred vision, a primal and eternal natural idea, but the reality is more complex than we imagine. These “Snow Mountains” are created from photographs found on the internet, respecting their original scale. These sublime landscapes are often used as ordinary wallpapers and the locations where they were taken become encrypted file names. The artist then further diverts these over-coded sources, showing us the transformation of a natural landscape filtered through the society of ennui. These snowy mountains undergo a systematic image decolorization treatment. Ren Han draws them on a black background, creating images similar to black steles. The darkness demands that we focus our attention on the realm of meditation. Between the sacred and consumption, Ren Han induces a satirical dimension that denounces the information overload that overwhelms us. These image diversion processes stem from a new social behavior where the need for meaning has been replaced by an almost desperate search for entertainment.
Catastrophes
Departing from the representation of sublime views of snowy mountains, the “Catastrophe Landscapes” depict climatic hazards such as erupting volcanoes, mudslides, storms, etc. The artist seems to observe that the overproduction of digital images disrupts our relationship with the tragic. Crises are exposed and succeed each other, disappearing in the daily flow of media news. By creating his drawings on purple carbon paper, Ren Han makes them reappear. He seeks to escape all attempts at euphemism or repression. The color exposes us to the inherent power of these images: one that compels us to be witnesses. A dark cloud is both a threat and a fascinating presence. Ren Han’s works evoke images of human destruction: climate change, and the disappearance of humanity. But they also suggest the existence of an elusive transcendence.
Damaged Drawings
One of Ren Han’s most striking creations is his series of low-relief sculptures, created using tools such as axes, hammers, and drills, on wall surfaces, wood, or books. He “draws” images of simulated nature, invented myths, or technology in a destructive manner. According to the artist, these “damaged” drawings are an ambiguous form of expression because they possess a duality between reality and virtuality, construction and destruction, death and rebirth. Aligned with the philosophy of Merleau-Ponty, these works shed light on our contemporary relationship with images. The digital realm has brought about a radical renewal of our perception, a sort of iconic turning point in our civilization. We are no longer encouraged to formulate images according to our thoughts but to think according to the images. Nothing becomes an event for one who seeks to understand the world through a screen, who tries to see without exposing oneself.
Démarche artistique
Né l’année correspondant au titre du roman dystopique de George Orwell, “1984”, les années formatrices de Ren Han se sont déroulées au milieu de l’urbanisation explosive en Chine et de la rapide prolifération mondiale d’Internet. Il intègre des images de mythologie, de nature et numériques dans ses œuvres, menant une série de recherches et de réflexions sur la consommation de la culture visuelle à l’ère d’Internet en utilisant des techniques telles que le dessin, les installations et les œuvres in-situ. Il a dit : « Je remets en question le sens de la construction et de la destruction continues des êtres humains entraînées par le désir », et son travail est une réponse sisyphéenne au monde.
Montagnes enneigées
Ren Han crée de nombreuses œuvres sur les montagnes enneigées. Pour lui, les montagnes enneigées sont une vision sacrée, une idée naturelle primitive et éternelle, mais la réalité est plus complexe que ce que nous imaginons. Ces “Montagnes enneigées” ont été réalisées à partir de photographies glanées sur internet respectant leur échelle d’origine. Ces paysages sublimes sont souvent utilisés comme de simples fonds d’écran, et les lieux de leurs prises de vues deviennent des noms de fichiers cryptographiés. L’artiste détourne alors à son tour ces sources surcodifiées, en nous montrant la transformation d’un paysage naturel passé au filtre de la société de la fatigue. Ces Montagnes enneigées font l’objet d’un traitement systématique de décoloration de l’image. Ren Han les dessine sur un fond noir, créant ainsi des images semblables à celles des stèles noires. L’obscurité exige que nous concentrions notre attention dans le domaine de la méditation. Entre le sacré et la consommation, Ren Han induit une dimension satirique qui dénonce la désinformation qui nous submerge. Ces procédés de détournement des images découlent d’un nouveau comportement social où le besoin de sens a laissé place à une recherche quasi désespérée de divertissement.
Catastrophes
S’éloignant de la représentation des vues sublimes des montagnes enneigées, le paysage de catastrophe représente des aléas climatiques tels que des volcans en éruption, des coulées de boue, des tempêtes… L’artiste semble constater que la surproduction d’images numériques bouscule notre rapport au tragique. Les crises s’exposent et se succèdent, disparaissant dans le flot quotidien des nouvelles médiatiques. En réalisant ses dessins sur papier carbone violet, Ren Han les fait réapparaître. Il cherche à échapper à toutes tentatives d’euphémisation ou de refoulement. La couleur nous expose à la puissance inhérente de ces images : celle qui nous contraint au rôle de témoins. Un nuage sombre est à la fois une menace et une présence fascinante. Les œuvres de Ren Han évoquent des images de la destruction humaine : le changement climatique, la disparition de l’humanité. Mais elles suggèrent également l’existence d’une transcendance insaisissable.
Dessin abîmé
L’une des créations les plus marquantes de Ren Han est sa série de bas-reliefs en léger relief, réalisés à l’aide d’outils tels que des haches, des marteaux et des perceuses, sur des surfaces murales, du bois ou des livres. Il “dessine” des images de nature simulée, de mythes inventés ou de technologie de manière destructive. Selon l’artiste, ces dessins “abîmés” sont une forme d’expression ambiguë car ils possèdent une dualité entre réalité et virtualité, construction et destruction, mort et renaissance. S’inscrivant dans la pensée du philosophe Merleau-Ponty, ces œuvres nous éclairent sur notre rapport contemporain aux images. Le numérique a opéré un renouvellement radical de notre perception, sorte de tournant iconique de notre civilisation. Nous ne sommes plus encouragés à formuler des images selon nos pensées mais à penser selon les images. Rien ne devient événement pour celui qui veut comprendre le monde à travers un écran, qui cherche à voir sans s’exposer.